En tant que consommateur, on est rapidement perdu entre les différents labels, mentions et autres allégations « nature ». Bio ? Permaculture ? Agroécologie ? Et cela est bien normal, la confusion profite à ceux qui s’arrangent pour toucher notre corde sensible à coups d’arguments santé. Comment s’en sortir ?
Voici plus de cinquante ans que la technologie moderne a révolutionné l’agriculture. Les intrants chimiques de synthèse ont permis de limiter les attaques biologiques, l’arrivée des machines a permis de libérer les Hommes des tâches ardues, tout ceci dans l’objectif d’augmenter les tonnages. Mais à quel prix ? Celui de l’exode rural, du chômage et par-dessus tout, de la pollution. Aujourd’hui, la planète est atteinte : les sols s’appauvrissent et se désertifient, les insectes disparaissent, et les humains tombent malades. Dans cette jeune agriculture tristement qualifiée de « conventionnelle », alors que l’agriculture a nourri les Hommes pendant 15 000 ans sans ces méthodes, de courageux paysans se battent dans le monde entier pour le rétablissement d’une agriculture respectueuse de l’environnement et hautement productive.
Emerge alors le concept d’agroécologie : dans ce terme se retrouvent toutes les techniques d’agriculture respectueuses du sol, de la nature, de l’environnement et de l’Homme. Ces méthodes n’utilisent aucun produit chimique de synthèse, et la mécanisation, si elle est présente, est non invasive. Le maintien de la fertilité et de la vie dans le sol en est le principal fondement. Dans ce lot, se retrouve le jardin créole, qui consiste à cultiver les cultures vivrières, maraîchères et arboricoles sur une zone assez réduite, en utilisant l’ensemble des extrants du foyer, en circuit fermé. Se retrouvent également des concepts comme la permaculture ou forêt nourricière qui consistent à installer les plantes de façon étagée, comme dans une forêt, et d’utiliser les interactions naturelles entre les plantes pour les protéger et maintenir une haute fertilité du sol.
Mais alors, qu’en est-il du bio ? L’agriculture biologique n’est pas une façon de cultiver. C’est une certification. L’agriculture biologique certifie au consommateur que le produit final qu’il consomme a été produit en respectant la nature, l’Homme et l’environnement. Cela certifie que l’agriculteur n’a pas employé de produits chimiques de synthèse, que la culture a été plantée dans le sol, que la fertilisation est organique etc. C’est un label qui impose des méthodes qui garantissent au consomm’acteur que son argent ne participe pas à dégrader encore plus la planète, mais sert à valoriser des actions positives. Pas de triche possible ! Les fermes certifiées sont fréquemment contrôlées par des organismes indépendants, une traçabilité de l’ensemble des actions réalisées est exigée, et le label est retiré en cas de manquement aux règles.
Ainsi, en Martinique, et dans les zones tropicales généralement, les produits certifiés biologiques sont cultivés suivant des méthodes agroécologiques.
Qu’en est-il du chlordécone ?
En Martinique, l’agriculture, qu’elle soit « conventionnelle » ou en agroécologie est règlementée vis-à-vis de la contamination des sols au chlordécone. Dans tous les cas de figure, il est interdit de cultiver des plantes maraîchères ou vivrières dans un sol dont la contamination dépasse 0,1 mg/kg de sol. Sur ces terrains, il est cependant possible de faire de l’arboriculture (citrons, fruits à pain, bananes etc.) car la molécule ne parvient pas à migrer dans les fruits. Ainsi, les produits agricoles des circuits réglementés ne comportent pas de chlordécone, car les conditions de culture ne permettent pas à la molécule de se retrouver dans la partie de la plante destinée à la consommation.
Donc l’agriculture certifiée biologique, tout comme l’agriculture conventionnelle ou agroécologique non certifiée, garantit normalement un produit sans chlordécone. Mais là où l’agriculture biologique est un réel plus, c’est qu’elle apporte une garantie sur l’ensemble du processus de production du produit : l’absence d’usage de produits chimiques de synthèse, la préservation du milieu naturel et le bien être des Hommes impliqués dans le processus. En choisissant le bio, nous choisissons de soutenir un producteur qui a signé un contrat moral de respect et de protection de notre Terre et de ses enfants.
Maintenant que vous savez toute la différence entre ces différents termes, à vous de faire votre choix.
Céline de Ta Nou